Psychologie alternative
Les formes de l’émergence spirituelle
La classification de Stanislav Grof, directeur du Centre de recherches psychiatriques du Maryland (USA)
Expérience de la mort éminente (Near-Death Experience).
EMI désigne un ensemble de « sensations » vécues par certains individus pendant un coma
ou une mort clinique avant qu'ils soient réanimés et dont ils témoignent comme d'une possibilité que la conscience survive à la mort. Après avoir repris conscience, certains de ces patients font un récit qui présente des similitudes : impression de décorporation, conviction d'être mort et cependant conscient mais dans un corps immatériel (ou corps astral), déplacement le long d'un tunnel, vision d'une lumière intense, rencontre avec des personnes décédées ou des « êtres de lumière », remémoration en accéléré de sa propre existence, prises de conscience, etc.
La montée de la Kundalini
La Kundalini est un concept qui désigne une puissante "énergie créatrice" de l’Univers qui se trouverait logée dans l'os sacrum. L'éveil de la Kundalini est le but des pratiques spirituelles orientales (le Tantra yoga, le Siddha yoga, le Sahaja yoga, le Kriya yoga); on trouve la notion de Kundalini dans la tradition kabbalistique et chez les chrétiens.
L’activation de cette énergie est accompagnée par des manifestations très variées : vibrations électriques dans le corps, spasmes, poussée de l’énergie intérieur ; visions de la lumière, des archétypes, des images de l’œil et des dessins géométriques comme sur les tapis orientaux ou mandalas ; augmentation de la perception des sens, on peut entendre les chants allégoriques et d’autres sons à intérieure ; sautes d’émotions et de libido, le désir de prendre des postures yoga, voir certaines scènes de nos vies passées, être confronté à l’apparition de l’espace vide. Peut s’accompagner avec la crise de l’ouverture psychique : synchronicité, médiumnité, télépathie, decorporation, prémonition ; éprouver la sensation de l’extase et de l’unité avec le « tout ».
La crise chamanique. La carrière d’un chaman dans les différentes cultures commence par un épisode délirant avec des visions très intenses : démons, forces diverses de la nature, la mort, la renaissance, la montée au monde céleste et le retour dans la réalité
Episode de l’unité avec le « tout » (« peak experiences »), la sensation de dissolution de ses propres limites physiques et la perception du devenir « un » avec tout ce qui nous entoure : les gens, la nature, tout univers. La notion de l’espace-temps est transcendée, la perception de l’infini et de l’éternité. Cet épisode est accompagné par la sensation de l’extase
Crise de l’ouverture psychique : decorporation, médiumnité comme la perte de sa propre identité et l’identification aux objets animés ou pas ; prémonitions, clairvoyance, synchronicité
Past-life expérience (les souvenirs des vies antérieures)
L’individu peut se rappeler des gens, des circonstances, les événements de leurs vies passées avec les précisions étonnantes. C’est surement une des bases essentielles de la croyance en réincarnation et en loi de Karma.
Communication avec les esprits, guides, channeling. Communication verbale, visuelle, auditive ou par écriture automatique avec les êtres venant d ‘autres plans de l’existence : les guides, les esprits, des personnes décédées.
Etats de possession par une entité maléfique désincarnée hors de la volonté de la personne qui la pousse à un comportement criminel, antisocial, suicidaire, meurtrier, impulsif sexuel et à l’usage de drogues. Le possédé peut changer de voix, d’expression du visage et d’attitude. La guérison est possible par exorcisme (la personne subit de violents vomissements, une activité physique enragée, une perte de contrôle) et mène cette dernière à la transformation positive et à la profonde conversion spirituelle.
Dépendance aux drogues et à l’alcool et émergence spirituelle
Il semble approprié de considérer la dépendance comme une forme d’émergence spirituelle, en dépit du fait qu’ils semblent très différents d’autres types de crises psycho spirituelles. Dans le cas de l’addiction, la cause du problème est une forte aspiration à la spiritualité, associée au faut que le contact avec la dimension mystique n’est pas établi. D’ailleurs, il existe une similitude, quoique superficielle, entre états mystiques et intoxications par drogues et alcool.
Lecture associée: Stanislav Grof "Spiritual emergency", "Pour une psychologie du futur", "Psychologie transpersonnelle", "Quand l'impossible arrive"
"La source noire" de Patrice Van Eersel
J'aime bien aussi le livre de Jack Kornfield (psychologue et moine bouddhiste): "Après l'extase, il y a la lessive" qui décrit de manière très realiste l'atterrissage après les sauts au delà.
Psychologie transpersonnelle
La psychologie transpersonnelle a regroupé des psychothérapeutes et des chercheurs qui, provenant d'horizons différents, avaient tous le souci de voir s'intégrer dans la psychologie occidentale les besoins et valeurs dites supérieures de l'être humain, la spiritualité, le sentiment d'unité fondamentale avec la Vie, les expériences paroxystiques ("peak experiences") et la transcendance du Soi sur le moi. En un mot, c'est une psychologie qui accueille les expériences reconnues par la parapsychologie et la spiritualité comme étant un vécu normal, souvent essentiel à la personne qui les vit.
Elle est apparue officiellement en 1969 en Californie grâce au regroupement de plusieurs psychothérapeutes dans l'Association de psychologie transpersonnelle et aussi grâce à la publication du Journal of transpersonal psychology. Parmi ses membres actifs, mentionnons quelques noms connus : Abraham Maslow, Michael Murphy, Arthur Koestler, Alan Watts, Charlotte Buhler, Jean Houston, Jean Halifax, Stanislas Grof, Gabrielle Roth, Lawrence LeShan, Roberto Assagioli, Warren G. Bennis, Victor Frank, Ken Wilber, Clark Moustakas et Sidney M. Jourard. Ces personnes ont voulu redonner à la psychologie la dimension "verticale" du sens de la vie et de son enracinement dans les trois aspects déjà connus de l'activité humaine, soit l'activité mentale, la dynamique affective et le vécu corporel.
L'originalité de la psychologie transpersonnelle n'est pas tant d'inventer une méthodologie ou une théorie spécifique mais bien de réintégrer comme étant des contenus scientifiques valides, plusieurs objets rejetés par la psychologie contemporaine.
Elle reconnaît la multiplicité des états de conscience, elle s'ouvre aux témoignages de réincarnation, de survie après la mort, de communication au-delà du temps et de l'espace, elle considère comme relatifs les modèles d'identité qui sont prônés par notre culture et elle affirme une vision du corps humain qui contredit la conception que nous avons généralement de nous-mêmes, celle d'un moi apparemment séparé, indépendant, enfermé dans un sac de peau, isolé de l'environnement et de la communauté. Pour ce faire, elle puise à la fois aux sources du mysticisme chrétien, à celles de la pensée orientale (yoga, zen, bouddhisme, etc.), à celles des recherches psychiques et spirituelles telles celles de Carl G. Jung, Roberto Assagioli, Allan Watts et William James, aussi bien que celles des travaux des sociétés scientifiques intéressées aux phénomènes psychiques (ex. : American Society for Psychical Research, fondée en 1885). Émergeant de ces divers courants, la psychologie transpersonnelle, comme courant de pensée et manière d'intervenir, est une étiquette qui désigne les professionnels qui intègrent dans leur pratique cette vision élargie et spiritualisée de l'humain.
Les travaux récents en psychologie de la conscience, fondés sur des approches psychophysiologiques, neuropsychologiques et psychobiologiques resituent les limites de la conscience ordinaire et de la perception consensuelle de la réalité sensorielle. Ils identifient aussi des substrats physiologiques et des mécanismes cognitifs qui s'apparentent à une autre saisie toute aussi valable du réel. Selon celle-ci, les phénomènes psi deviennent des expériences exceptionnelles mais normales. Il s'agit dès lors, non plus de les discréditer, mais de reconnaître leur place dans le vécu personnel et de favoriser, s'il y a lieu, leur harmonisation. Cela dit, il reste beaucoup à faire pour départager sainement ces expériences et pour tenter de comprendre quels sont leurs substrats physiques véritables. Cela n'empêche pas que nous devrions avoir le courage comme professionnels de la santé mentale de ne pas abuser des grilles psychopathologiques ou des traitements pharmacologiques et de nous donner des perspectives véritablement fondées sur le développement humain et sur la santé mentale.